La beauty de la poetry dans Symfony

La poésie, cbeautifulDans le développement web comme dans la programmation en général, on utilise  beaucoup de termes empruntés à l’anglais, dans des versions plus ou moins traduites ou transposées. Comme dans tout langage technique où on utilise, à plus ou moins bon escient, des termes d’origine étrangère, ça donne lieu dans les échanges oraux ou écrits à des phrases mélangeant allègrement des mots d’origines diverses, dans un melting-pot qui souvent frise le ridicule, mais parfois recèle une bonne dose de poésie (oui, bon, moi ça me parle, cette poésie, je sais bien que ça n’est pas forcément le cas de tout le monde, mais c’est comme ça).

Je n’aborderai pas ici le débat, en partie stérile, consistant à se demander s’il faut traduire ou non tous ces termes et/ou créer des équivalents en français quand il n’y a pas de mot existant. Une langue vivante est, comme son nom l’indique, vivante (eh ouaip, ne me remerciez pas), comme tout organisme elle mue, agrège des éléments, transforme de la matière en d’autres choses, et c’est très bien (mieux : c’est vital — une langue que ne bouge plus est, comme on le dit fort bien, une langue morte).

Non, je vais juste ici évoquer quelques uns des mots qu’on pratique beaucoup en environnement professionnel, ceux qui ont pour mon oreille un peu bizarre des résonances particulièrement drôles ou poétiques. Ça me donnera au passage l’occasion de parler un peu d’un framework que j’aime bien (voir ici, ici, ou ici). On pourrait appeler cette liste « les 10 termes à connaître pour speaker fluemment le Symfony in le texte ».

  • autoload : ne me demandez pas pourquoi celui-là me plait, il y a des chances que ça ait à voir avec Goldorak (autolargue, quoi).  En ce qui nous concerne, l’autoload est une fonctionnalité un petit peu magique qui dispense le développeur d’inclure explicitement chacun des fichiers définissant les classes dont il a besoin, le framework (chez nous, c’est Symfony, des fois que je ne l’aurais pas dit) se chargeant à chaque nouvelle instanciation d’objet de fouiller les répertoires qui vont bien à la recherche du fichier nécessaire et de l’inclure dans votre dos sans que vous ayiez à vous en soucier.
  • bootstraping : souvent utilisé dans un discours de vérité pour en jeter un max, le bootstraping est littéralement laçage de chaussure (ou serrage de sangle de botte…) Les bootstraps sont concrètement des anneaux cousus sur le rebord des bottes, qu’on utilise pour s’aider à les chausser. En anglais courant, le verbe bootstrap signifie d’ailleurs « se débrouiller tout seul ». Pour la fine bouche, signalons que dans la littérature anglaise le verbe est également une référence aux aventures du baron de Münchhausen qui, embourbé dans un marécage, s’en sort en se tirant lui-même par ses bottes pour se propulser dans les airs…
    « Bootstraper », puisqu’on l’utilise bien entendu comme verbe francisé, consiste à démarrer le boulot en en prémâchant l’essentiel, pour obtenir rapidement une base pouvant servir au développement d’une application plus puissante par la suite.
  • cécé : ou « cici », si on le fait à l’anglaise ; abbréviation et alias de la commande Symfony clear-cache (puis plus récemment cache:clear) utilisée pour clearer le cache (le vider, quoi). On doit entendre chez Sensiolabs environ 167 fois par jour « t’as fait un cécé ? ».
  • crud : à prononcer « crude », ou « creude », bien sûr. Acronyme de Create-Retrieve-Update-Delete, qui sont les quatre fonctions de base d’une interface simple d’administration de données.
  • fixtures : toujours un peu difficile à dire pour les français, les fikstcheurzes sont des données servant à tester et/ou initialiser une application, stockées dans un format simple à éditer et à utiliser pour des injections automatiques (voir populate plus bas).
  • helper : j’aime bien l’idée d’ « aideurs » (j’imagine que l’administration nous ferait dire « aidants ») qui avec leur petits bras muskés font des trucs pour toi. Un helper est en effet une petite fonction destinée en général à retourner du code HTML répétitif, construit avec des paramètres ou propriétés d’un objet qu’on lui passe.
  • hydrate : liquide et poétique image qui touche au sublime : « hydrater un objet » consiste à lui attribuer des valeurs qu’on a récupérées en vrac par ailleurs (pour faire très simple), cette attribution devant être « intelligente », c’est-à-dire qu’elle doit faire correspondre à la bonne propriété la bonne valeur. On peut « hydrater à la main », ce qui n’a rien à voir avec une crème de jour, ou recourir à des fonctions qui mâchent le travail.
  • populate : autre métaphore que j’affectionne particulièrement, qu’on emploie un peu indifféremment en anglais ou dans sa version française ( « peupler », ou le néologique « populer »). Peupler une base de données consiste à lui injecter des données de tests ou des données initiales nécessaires à l’application (utilisateurs, contenus de départ…) ; pour faciliter la vie des développeurs, il existe dans Symfony des façons d’automatiser cette action pour pouvoir la répéter en deux coups de cuiller à pot et insérer des fixtures en une seule commande.
    Il existe aussi la variante « repeupler« , qui désigne le fait de réafficher les données saisies par l’utilisateur dans un formulaire s’il contient des erreurs ou doit être complété. On a tous un jour expérimenté la douleur de l’absence de repopulation, quand on a passé du temps à remplir un formulaire, qu’on valide, qu’il est refusé pour une quelconque raison, mais est réaffiché tout vide, et qu’on doit tout ressaisir… Vous pourrez maintenant hurler « IL N’A PAS ÉTÉ REPEUPLÉ, BORDEL DE M… ! »
  • routing : celui-là aussi on le traduit peu (le « routage » gardera quoiqu’on en dise toujours une connotation de service postal). Le routing est le mécanisme qui réécrit et/ou traduit les urls (selon le sens où on le regarde) pour permettre de paramétrer des adresses, comme on dit, plus sympathiques pour les utilisateurs et les moteurs de recherche (respectivement : user-friendly, et search-engine-friendly ; ouéééé, copaaaing !) Il est lié à ce qu’on appelle la réécriture d’url, qu’on dit très souvent à l’anglaise aussi : l’iouharelle riraïtingue.
  • sandbox : littéralement « bac à sable », désigne une mode autonome de distribution d’une application, pour faciliter son installation et permettre des tests où les risques d’impact pour le reste du serveur sont limités sinon nuls. En d’autres termes : pour faire joujou dans son bac à sable où on peut tout crader sans gêner personne.
  • scaffolding : image très sympathique, qu’on pourrait traduire par « échaufadage ». Assez proche du bootstraping, le scaffolding est plus spécifiquement lié à la façon d’exploiter la structure d’une base de données. Il se base sur une description formalisée de cette structure (dans Symfony, par exemple, dans un fichier schema.yml) pour générer automatiquement une interface d’administration crud (voir plus haut). C’est ce que fait le bien nommé admin generator,  affectueusement appelé admin gen (prononcez « admine jène »), dans Symfony. En quoi on peut dire : « l’admin gen, ça consiste à bootstraper ton backoffice en faisant du scaffolding avec des interfaces crud ».
    Cpas beautiful, ça ?

Tags : , , ,

8 commentaires sur “La beauty de la poetry dans Symfony”

  1. Ishiro :

    « fikstcheurzes » ? Non, pourquoi s’embêter à prononcer un mot comme ça… Pour ma part ce sera « fikstur ». Ça doit être dû à mon accent franco-breton qui génère parfois quelques moqueries (hum, c’est peut être de la jalousie… Non ? Bon, tant pis).

    Suis-je le seul a trouver l’ordre alphabétique fantaisiste ? « A, B, C… R, S, P ». ;)

  2. V. Delhommeau :

    Il manque dry run et hydrate …

  3. LaurentLC :

    ach, il en manque plein, c’est sûr… mais c’est vrai que j’ai oublié ces deux-là (honte sur moi), je vais probablement faire un edit, au moins pour l’hydratation
    EDIT : c’est fait.

  4. LaurentLC :

    @Ishiro : l’honneur de l’ordre alphabétique a été sauvé et rétabli :)

  5. tight :

    Pas sur qu’on trouve « ouidguette », « templéte », ou « parssial » dans le dico.
    « Culture » est un peu particulier dans son genre, mais qui a déjà vu un champ de fr_FR ? ;)

  6. LaurentLC :

    Ah oui, « keultcheure », j’aime beaucoup aussi. Sans parler bien sûr, pour les plus tékos, de « maille siquouèle » ou « ciseurfe »…

  7. Goofy :

    Il y a aussi le idisuitene (i18n) et le iseizene ;)

  8. LaurentLC :

    iou mine : aïe eilletinène et elletènène