L’informatique et bibi, 1ère partie

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Je suis né l’année que l’on désigne comme celle du début de la micro-informatique, en raison de la commercialisation du premier micro-ordinateur, le Micral [1], machine vendue toute assemblée et basée sur le micro-processeur 8008 d’Intel. Mais malgré cet augure, et quoique j’aimerais bien me la raconter en clamant que j’ai touché un clavier avant de savoir marcher, mes premiers contacts avec les ordinateurs n’ont eu lieu qu’une dizaine d’années plus tard.

Sans bien savoir pourquoi exactement, je me souviens avoir à l’époque souvent rêvé d’Alice. Nan, pas la blonde transparente qui accourt quand on fait « ouh ouh ». Alice, un superbe ordinateur 8 bits à 1 Mhz, tout rouge, avec 4 Ko de RAM, dont les boîtes et manuels étaient ornés de dessins de Moëbius, rien que ça[2].
Malgré ces premières geekeries oniriques, ça n’est pas un produit Matra-Hachette qui m’a initié à l’informatique mais le clavier QWERTYUIOP grisâtre d’un Amstrad CPC 6128, au moment où par ailleurs (bien sûr je l’ignorais) Microsoft sortait la version 1.0 d’un certain OS à fenêtres.
Le CPC 6128, son Basic intégré de chez Locomotive Software avec les dollars après les noms de variable, l’éditeur ligne à ligne, les listings de programmes d’Amstrad Magazine tapés au mépris de mon avenir oculaire et, entre autres, Macadam Bumper et Jet Set Willy. Comme Boulet, on avait avec mes frangins fait une carte détaillée de toutes les pièces, mais on n’a jamais réussi à ramasser suffisamment de verres pour ne pas nous faire rembarrer par Maria [3]. Saleté.
Côté programmation, mon premier chef-d’œuvre a dû ressembler à un truc comme ça :

10 CLS:MODE 1
20 INPUT "QUEL EST TON NOM :",A$
30 CLS
40 PRINT "BONJOUR ",A$
50 END

Ça s’améliora au fil des mois, bien sûr, et le Turbo Pascal succéda au Basic. Maintenant que j’y pense, j’avais aussi écrit en Basic un programme de boîtes aux lettres (à la mode Minitel, on disait « BAL », pas encore « mail »), qui permettait de créer un compte et d’envoyer des messages à d’autres utilisateurs. Messages sauvegardés sur une disquette 3 pouces double face de 178 Ko, of course. Bé ouaip.
Torride… à condition d’avoir la bonne disquette sous le coude, évidemment. Les RFC 821 et 1939 m’auraient été d’un grand secours mais, comment dire, on n’avait pas encore internet à la maison. Et pour cause. Le web n’existait même pas, ou était tout juste en train d’être conçu par Caillau et Berners-Lee.

Fin 80-début 90, donc, bien qu’en section littéraire, j’avais pris l’option informatique au lycée. On travaillait sur des PC sous DOS – probablement la version 4 – avec des disquettes 5 pouces 1/4, et c’était encore du Turbo Pascal. Évidemment, toujours pas d’internet ou de web, il faudra attendre encore quelques années pour que ça arrive en France. Pas de Windows non plus, la version 3.1 sortira l’année suivant mon Bac, et je ne la découvrirai que lorsque j’aurai à saisir mon mémoire de maîtrise sous Word 6 (livré sur sa demi-douzaine de disquettes).
Sans déc', ça marcheOn est alors en 1995, et le PC 486SX2 de mes parents (la dernière génération avant le Pentium) surmonté de son écran 14 pouces encaisse surtout des heures de Démineur. Mais c’est quand même sur ce clavier que j’apprends à me défaire des habitudes du QWERTY et à taper à plus de trois doigts, grâce à Dactylogiciel 3 de chez Micro Application (mais si, ça marche).
A l’époque, j’ai un peu laissé tomber la programmation. Si j’ai bien abordé le Prolog en Licence de Logique, ça n’a pas dépassé les salles de cours et les carnets de notes. L’arrivée de la première connexion internet changerera la donne.

…Tou bi continioude (suspens insoutenable)

Dans le prochain épisode, on découvrira comment avec une applet java et 100Ko de javascript on peut en 1998 écrire un crawler utilisé pour faire de la recherche full-text dans les pages HTML d’un site…

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  1. Pour un récit de la naissance du Micral et ses 0,5 Mhz par son créateur, cliquez ici (PDF). []
  2. Chose amusante (mais si, c’est drôle), l’égérie de la pub a une sorte d’air de famille, et la promesse principale (la simplicité) est identique. []
  3. Je n’ai en revanche découvert Worms Armaggedon que longtemps après sa sortie… []

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